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QU'EST-CE QUE LA DYSLEXIE ?



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J’avais envie de vous parler d’un petit handicap qui me touche depuis mon plus jeune âge. Rien de grave, rien de physique, rien de visible. Mais cela reste tout de même un handicap, et un handicap qui m’a valu de nombreuses moqueries, et des efforts fréquents et trop souvent fatiguant pour des tâches trop souvent dites simples. Je vais vous parler de la « dyslexie », de ce que c’est, de comment je l’ai vécu, comment je le vis, et surtout de l’impact que ça a lorsqu’on aime se lover entre les pages d’un livre et qu’on apprécie faire couler l’encre pour raconter des histoires autrement qu’en image.

Bien souvent, et malheureusement, les gens connaissent peu ou mal les troubles de la dyslexie, c’est pourquoi on voit souvent des parents, ou même des personnes s’autodiagnostiquer, et donc diffuser des informations incorrectes. Avant d’affubler votre enfant de l’étiquette de « dyslexique », ou même vous, je ne peux que vous conseiller d’aller consulter un professionnel. La dyslexie est peut-être invisible, mais cela reste un handicap, et tout handicap n’est pas un jeu, ni une joie.

Mais alors, qu’est-ce donc que la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble spécifique de la lecture. Il s’agit également d’un trouble persistant de l’acquisition du langage écrit caractérisé par de grandes difficultés dans l’apprentissage et dans l’automatisation des mécanismes nécessaires à la maîtrise de l’écrit (lecture, écriture, orthographe… ).
Les troubles se distinguent de simples retards d’acquisitions, d’un retard mental ou même des problèmes auditif ou visuel. Ce sont des troubles qui persistent dans le temps. La dyslexie est un trouble neurologique.

Je pourrais vous faire un argumentaire bien plus long et scientifique, mais il existe de nombreux articles de recherche à ce sujet bien plus clairs que ce que je pourrais faire. De plus, ce handicap est en étude perpétuelle car il reste très mal connu et explicable, les raisons de son apparition différent d’un individu à un autre, et les symptômes différent également.

Le plus clair du temps on ne se rend vraiment compte de ce handicap que vers le CE2, quand il y a un retard de 2 ans minimum avec l’apprentissage de l’écrit et de la lecture. Mais cela peut être plus tôt, comme plus tard, cela dépend de la prise en charge et des personnes. Pour ma part ça a été pressenti assez tôt, et j’y étais prédisposée étant donné que mon père l’est, et cela s’est vu rapidement lorsque j’ai dû apprendre à écrire mon propre prénom en maternelle, qui est complexe, pour finalement se confirmer au CP lors de l’apprentissage du français. En CE1 j’ai été diagnostiquée dyslexique.
Chez moi les troubles se manifestaient et se manifestent encore de cette façon : difficulté de la reconnaissance des lettres, inversions, déformations, omissions, etc…, difficulté au décodage des phonèmes ( donc des sons ) et associations de ceux-ci, difficulté à la lecture, difficulté à l’écriture, difficulté à la concentration. Enfin, toutes les cases à cocher pour dire qu’une personne est dyslexique.

Toutefois mon cas n’est pas un des plus grave qu’on puisse rencontrer, ce n’est absolument pas une fatalité, mais c’est vrai que ça m’a valu quelques moqueries étant plus jeune, car les autres enfants pensaient que j’avais un problème mental grave, et que je ne pourrais jamais réussir à rien à cause de ça. Un extrême un peu violent à encaisser, surtout quand on est haut comme trois pommes, et qu’effectivement on se rend compte qu’on n’avance pas aussi vite que les autres sur certaines choses… Et que cependant on avance bien trop vite sur d’autres, ce qui, là, provoque des jalousies et des questions un peu gênantes. Mais ceci est un autre sujet qu’on abordera un autre jour.

Je n’ai réussi à lire correctement qu’en CM1, grâce à des séances chez des orthophonistes qui me permettait régulièrement de me remettre plus ou moins à niveau pour mon âge. Mais ce qui m’a le plus aidé dans tout ça, c’est le fait que j’étais déjà une grande amoureuse des mots, des livres, de la création d’univers, de l’écriture. Je rencontrais une multitude de synonymes et d’antonymes ce qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau en classe quand il fallait s’exprimer, et surtout cacher mon handicap que j’avais vite fait de détester car me mettant à part des autres enfants, plus que de raison.
Ça a été un obstacle assez conséquent dans ma scolarité, surtout que j’avais des enseignants qui ne comprenaient pas bien pourquoi je pouvais lire déjà des classiques, apprécier autant les livres, écrire des petites histoires, parler ma foi, plus que correctement, et être incapable de lire à l’oral et d’écrire de façon plus que chaotique. De plus, à côté de ça dans les autres matières j’avais des résultats plus qu’excellents. On m’a donc souvent taxé de menteuse ou d’affabulatrice voulant se faire plaindre.
Ça a été des moments compliqués, des combats assez rudes, mais heureusement pour moi, tous les adultes n’étaient pas malveillants vis-à-vis de ça, et c’est probablement grâce à ces adultes que je n’ai pas baissé les bras et que j’ai continué durement mes efforts et mes passions pour arriver à un résultat correct.

J’ai vraiment accepté mon handicap assez tardivement, j’essayais de toujours le cacher, de ne pas vraiment le montrer et l’énoncer par peur d’être différente des autres et de subir de nouvelles moqueries ou des apitoiements inutiles. Mais faire cela est particulièrement fatiguant pour un dyslexique, qui doit redoubler d’effort pour se fondre dans la foule.
Peu à peu mes efforts ont vite attaqué mes ressources mentales, et j’ai, pour passer le BAC, dû accepter de faire les démarches pour obtenir des aides mises en place pour les personnes dans mon cas.
Les dyslexiques, dû à notre handicap, développe assez souvent un cheminement de pensé différent des autres car une partie de notre cerveau est dite « inefficace », mais ça ne fait pas de nous des personnes plus stupides qu’une autre. C’est pourquoi nous pouvons être plus longs à la compréhension des consignes écrites et à leur application. Nos stratégies d’expositions demandent plus de temps afin que les autres puissent nous comprendre, donc par définition nous sommes bien plus lents que la moyenne.
C’est donc à partir de la Première que j’ai entrepris de demander un Tier Temps, un dispositif qui demande quelques humiliations, du moins c’est comme ça que j’ai dû le vivre. Afin de demander cette aide aux examens, j'ai dû passer un test de QI, où j’ai été particulièrement réticente, et qui a failli me porter préjudice. Ensuite j’ai dû passer face à un jury de personnes qui n’y connaissaient rien aux problématiques de mon handicap, mais qui étaient tout de même là pour juger si oui ou non j’étais éligible à cette aide. Heureusement pour moi je ne me suis pas laissée faire, et j’ai pu bénéficier du Tier Temps et passer mon BAC, presque tranquillement.
Depuis je vis bien ma petite particularité. Je dois bien faire avec, même si l’Université ne reconnait pas vraiment ce handicap et ne propose pas une aide correcte pour celui-ci. Elle fait partie de moi, et je fais avec ce qu’on me donne et surtout avec tous les outils qui existent pour minimiser les dégâts. Je n'hésite pas une seconde à utiliser un correcteur orthographique, un dictionnaire, un bescherelle ou un site pour les conjugaisons.

Quand on est passionné de lecture et d’écriture, il ne faut pas se stopper à cause de ça. Ce n’est qu’un souci minime si on aime vraiment former de jolies phrases. Cela ne retirera jamais rien à votre talent. Il ne faut pas non plus écouter les autres qui ne vivent pas le handicap et qui peuvent prendre en pitié, et sans penser à mal nous rabaisser. Si j’avais écouté tout ce qu’on m’avait dit je n’aurais jamais lu autant de livre, parce que je ne peux soi-disant pas, je n’aurais jamais écrit autant d’histoire, parce que je ne peux soi-disant pas, je n’aurais jamais appris autant de langues, parce que je ne peux soi-disant pas.

En réalité, on peut toujours.

Si on aime, on trouve toujours des solutions pour que cela ne soit jamais une corvée, ou une mise en situation désagréable.
J’avais de grosses, grosses difficultés, mon orthophoniste m’avait demandé de choisir un livre à lire pour m’entrainer, j’ai choisi « Harry Potter à l’Ecole des Sorciers », c’était gros et long. Elle pensait que j’allais abandonner, mais même si cela m’a pris un an pour le lire au complet, je l’ai lu. Et le second aussi, puis le troisième, puis tous les autres, puis plein d’autres gros livres, plein d’autres livres plus complexes.
La dyslexie est un handicap invisible, c’est un travail de tous les jours, un exercice de tous les jours, des efforts constent, mais cela ne doit pas être une fatalité. Même si on ne vous croit pas, qu’on vous rabaisse, qu’on vous prend en pitié.

Voilà, j’espère que cet article en a aidé, et éclairé certains !

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Saviez-vous ce qu’était la dyslexie ?
Avez-vous des astuces pour ne plus faire de fautes récurentes ?

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12 commentaires:

  1. Bel article car c'est vrai qu'on ne connaît pas forcément tous ce maux.
    Merci à toi :)

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  2. Il est très touchant ton article ! Mais aussi très intéressant :) Je ne connaissais que vaguement cette maladie, mais grâce à ton article j'ai pu en apprendre un peu plus. Cela n'a pas dû être facile pour toi étant jeune d'avoir cet handicap là et d'en plus devoir faire face aux moqueries... Malheureusement c'est souvent comme ça à l'école ! Les gens sont tellement horribles parfois. Le plus important c'est que tu as pu réussir à aller au delà de ça et ça c'est fantastique :) Je t'admire pour ta persévérance et ton positivisme :) C'est important d'avoir une mentalité comme ça ! Ne change pas ;)
    Bisous.

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    1. Merci, ça me fait plaisir !
      Ce n'est pas vraiment une maladie, c'est un handicap d'ordre neurologique, ou autre. Mais si j'ai réussi à t'apporter quelques informations, ça me touche beaucoup.
      Les gens/ les enfants sont horribles effectivement, il n'y a pas de cours de tolérance... Mais bon, on doit faire avec et faire son petit bonhomme de chemin.

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  3. Hello :)
    Merci pour ton article qui explique très clairement la dyslexie. J'ai moi aussi cette "difficulté".
    C'est seulement l'été dernier (à 25 ans) que j'ai fais des tests par un professionnel et qu'il a confirmé le diagnostic.
    J'ai toujours aimé lire et écrire (non pas sans difficulté comme tu peux l'imaginer...) et j'ai toujours réussis à "pallier" cette différence.
    Merci pour ton partage 🙏🏼

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    1. Le fait de te faire diagnostiquer a dû t'expliquer beaucoup de choses, c'est une bonne chose.
      C'est vraiment compliqué de passer au-dessus, c'est beaucoup d'effort, mais c'est faisable.

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  4. Je connais quelqu'un de dyslexique et je sais a quel point c'est l'enfer pour lui. Ce n'est pas souvent pris au sérieux, mais c'est très handicapant. J'ai une maladie (totalement différente) qui n'est pas prise au sérieux par les administrations, et je suis pourtant en fauteuil roulant, et honnetement, il est temps que la société ouvre les yeux, c'est pas puisque c'est pas connue ou mal compris qu'il ne faut pas le reconnaitre

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    1. Mais de toute façon si ça ne rentre pas dans les cases, c'est souvent oublié, voir moqué. C'est vraiment insupportable, surtout quand le handicap est invisible. Par contre ça m'étonne tellement quand c'est physique... enfin c'est pas une joie d'être en fauteuil !

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  5. Je me voit dans ton article, n'étant pas eu de diagnostique je pense que je le suit j'ai souvent des soucis de lecture de phrases pour mon âge (23ans) et des mots que j'écris qui est incompréhensible

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    1. Tu devrais vraiment faire les démarches, au moins pour voir s'il y a une aide possible, comme l'orthophoniste par exemple :) !

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  6. Je suis bénévole à l'AFEV, j'ai hérité d'une jeune fille de 18 ans dont j'ai vite compris qu'elle avait une énorme (et je pèse mon mot) dyslexie. La bénévole qui la suivait l'année dernière l'a lâchée en route. Ce que je comprends. Car dans sa fiche enfant il n'était pas noté qu'elle est dyslexique, et que, quand tu dois aider une gamine à faire ses devoirs de français (même si c'est pas le principe de l'AFEV, elle, elle préfère faire les devoirs que sortir), et que tu ne sais pas qu'elle est très touchée par la dyslexie, alors tu penses qu'elle est complètement conne et tu abandonnes (parce que personne n'a envie de passer littéralement 3h à écrire à peine 10 lignes en anglais). Le problème aussi c'est que, même si tu l'amènes bien au musée, si tu ne sais pas qu'elle est dyslexique tu ne va spas forcément te dire qu'elle ne va pas comprendre les panneaux. Donc il vaut mieux savoir, comme ça, tu peux dire à l'avance "si y a un truc que tu comprends pas, tu me demandes, tu n'hésites pas" et ça règle le problème de solitude devant un panneau qu'on peine à déchiffrer. Le problème aussi, avec elle, c'est que... toi, tu vas regarder les conjugaisons, elle, elle a tellement perdu confiance en elle que quand elle tape un mot, que je lui dis que ce n'est pas ça (par exemple un participe passé qu'elle m'écrit "er"), elle va faire le tour de toutes les orthographes du son qu'elle connaît ("ee", "ez", etc.) sans se dire "attends, c'est un participe passé". Et ça, c'est super dur, parce que même quand je lui dis "regarde, c'est un participe passé, tu l'écris comment d'habitude ?" elle peine à trouver. Et pourtant elle est suivie. Et c'est là qu'on comprend que la dyslexie c'est pas une blague et que c'est super dur ! Surtout quand la gamine derrière a été mal accompagnée et a perdu tous ses moyens et ne s'est construit aucun repères. En gros c'est comme si on lâchait quelqu'un qui sait pas nager au milieu de l'océan et qu'on disait "démerde toi pour trouver une bouée".

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    1. Ouh, c'est long !
      le soucis avec la dyslexie c'est que c'est très mal diagnostiqué, et c'était une "mode" à un moment, donc on ne croit plus vraiment les personnes qui en souffre.

      Mais si tu en as l'énergie, ne l'abandonne pas, et essaye même d'en discuter avec ses tuteurs, sa famille, pour qu'elle soit suivie par des pro'.
      Pour ce qui est de la grammaire, je la comprends totalement ! Je faisais pareil avant, et si elle n'a pas encore le déclic, rien ne sert de lui expliquer. Nous n'assimilons pas les règles de la même manière. C'est très très très... très long et complexe.
      Ah elle est suivie... Bah faut peut-être remettre en question la méthode.

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