○ ○ ○
Après un premier article relatant, expliquant
ma vision de l’utilisation du jeu de Tarot, j’avais très hâte de revenir pour un nouvel article de ma nouvelle série
« Le cercle païen ». Je suis très heureuse d’ailleurs que ce premier écrit ait été aussi
bien accueilli par mon audience, ça m’a beaucoup
rassuré et
motivé. J’espère que les prochains seront tout autant appréciés, et que vous n’hésiterez plus à partager votre vision des choses,
débattre avec
moi et
les autres.
Avant de partir dans des sujets
concrets et beaucoup plus
complexes, j’ai trouvé ça judicieux dans un premier temps de
détailler l’Histoire du Tarot, et les différents Tarots que l’on peut retrouver sur le marché de l’ésotérisme. Parce que ce jeu de cartes en apparence d’utilité
classique, a ses petites particularités qui le rendent si
spécial.
La mystérieuse Histoire du jeu de Tarot
Nous partons déjà avec
une origine mystérieuse, personne ne sait vraiment quel est l’origine de la création d’un tel
artéfact, ni d’
où il vient vraiment. Nous avons quelques pistes, quelques idées, quelques hypothèses, mais
les preuves manquent. De ce fait, tout comme l’interprétation d’un tirage, je vous prierais de
prendre du recul sur ce qu’il va suivre.
Une origine et un tour du monde débattu
Dans tous les cas on atteste les vraies
premières versions du jeu de Tarot au
XVème siècle en
Italie du Nord, l’Italie de la Renaissance après les années 1370. De base le jeu n’était composé que de quatre familles classiques, de leurs valeurs et de leurs honneurs, comme ce qui était utilisés communément par les
Mamelouks égyptiens, qui étaient des
partenaires commerciaux des Vénitiens et des Lombards.
Cette partie de la population égyptienne sont à l’origine
des esclaves non musulmans, affranchis pour former des milices vouées à combattre au nom d’un
calife, car les musulmans, dans leurs principes, ne pouvaient pas faire la guerre entre eux. Au bout d’un moment cette partie de la population prit le
pouvoir pour fonder une
dynastie qui régnera sur l’Egypte du
XIIIème au
XVIème siècle.
Pourquoi parler d’eux ? Il se trouve qu’à la fin du
XIème siècle, lorsqu’ils envahirent l’
Arménie, les Mamelouks y ont
découvert le jeu de
« Naïbi ». En Italie le «
naibi » désigne des cartes à jouer d’origine arabe et à figures instructives à destination des enfants, pour apprendre à compter, ce qui concorde avec l’utilisation faite de ce jeu en Arménie. A la fin du
XIVème siècle, ces mêmes
arméniens fuirent la Cilicie, une région historique d’Anatolie, vers l’Italie,
emportant leur jeu de cartes,
parallèlement aux Mamelouks.
Nous pourrions penser que l’histoire s’arrête là, que le jeu serait d’
origine arménienne,
importé par des
égyptiens en
Italie, où le jeu se verrait modifié, mais en réalité c’est
bien plus complexe que cela. Le jeu de «
naïbi » représentait des chefs de guerre masculin sur les honneurs, et on sait qu’en
hindoustani, une langue indo-aryenne de l'Inde du Nord ou Hindoustan, les
« na-eeb » ou
« nawwâb » termes proches de
« Naïbi » sont des
autorités militaires, et il semblerait compris que c’est de l’
Inde du Nord que soient
arrivés les jeux de
Naïbi en
Arménie, par le biais de
la route de la soie.
On imaginera également qu’il existe d’autres jeux,
ressemblant au principe de Naïbi dans
d’autres parties du monde, ce pourquoi l’origine du jeu reste assez floue.
L’APPROPRIATION ITALIENNE
Nous reprenons notre conte en
1440, en
Italie, où des membres de la
famille ducale milanaise de
VISCONTI, alliés aux Romagnoles
SFORZA vont vouloir se faire
représenter sur ce qui semble être le plus vieux Tarot du monde connu,
le Tarot VISCONTI-SFORZA. On retrouvera dans ce jeu
22 à 25 cartes additionnelles que l’on nomme des
Triomphes, et ceux sont les
premières lames à représenter les arcanes majeurs tels qu’on les connait aujourd’hui. Le Tarot que nous connaissons en
Europe prend forme à cette époque, et dans cette région du monde.
Cartes non restaurées du Tarot VISCONTI-SFORZA
D'où viendrait la désignation "Tarot" ?
Pour ce qui est du terme de
« Tarot » on suppose son
origine venant des
terres des VISCONTI et des SFORZA, où coulait le
cours d’eau Taro, célèbre place de la
bataille de Fornoue au
XVème siècle où s’illustra un membre de la famille SFORZA. Le nom aurait été donné au jeu en
honneur à cette victoire, mais on acceptera une
autre hypothèse, où on cherchera l’
origine du mot du célèbre artefact dans
le fond des
« trionfi » du VISCONTI-SFORZA , c’est-à-dire des cartes du jeu, qui était recouvert d’
une feuille d’or martelée, opération désignée sous l’action de
« taroccare » en italien, ou de
taroter en français.
VIE, EVOLUTION ET REPUTATION DU JEU DE TAROT
Le plus vieux jeu de Tarot parvenu
complet à nos jours date de
1490, le
SOLA DUSCA, du nom d’une famille milanaise qui en détenait un exemplaire. Il est considéré comme
le premier Tarot aux allégories alchimiques. Bien que le jeu comporte
22 atouts, ils ont des
nombres et des
noms différents du VISCONTI-SFORZA.
A la base le jeu de Tarot était
un simple jeu de cartes, qui n’était
pas utilisé dans un premier temps
pour la pratique de la divination. Les cartes étaient utilisées pour des
jeux d’argent, ce qui détournait soi-disant les bons pères de famille, alors c'est en
1382 un magistrat de la ville de Lille, car le jeu avait commencé à passer les frontières,
prohiba la pratique des jeux de cartes. Puis en
1404 le synode de Langres, c’est-à-dire un conseil ecclésiastique,
interdit aux hommes d’Eglise de s’adonner à ce genre de divertissement. En
1423 Saint Bernard de Sienne porte un discours si virulent contre les jeux devant
Saint-Pierre de Rome que tous les membres de l’auditoire finissent par
brûler d’eux-mêmes leurs jeux de n’importe quelle nature qu’ils soient sur la place publique.
La prohibition des jeux commence cependant
réellement en 1441, mais malgré les interdictions, l’attrait pour ce jeu ne cesse de croitre. Et
en parallèle l’aspect divinatoire du jeu commence à prendre timidement du terrain, et les jeux de dés et de cartes se verront désignés comme des jouets du diable.
Sinon une anecdote plus légère, en 1450 le nombre des
Triomphes se fixe à
22 lames, mais
la numérotation variera selon les jeux.
L’APPROPRIATION BOHEMIENNE
Vers la
fin du XVIème siècle, l’objet démoniaque est
interdit dans toute l’Europe, et ceux usant du jeu comme outil divinatoire se retrouvent
marginalisés et confiné au
secret.
Les diseuses de bonne aventure de la population Romanichel sont
arrivées en Europe de l’Est des le
XIIème siècle via l’
Inde, et se sont implantées en
Europe de l’Ouest au
XVème siècle. La population a amené avec elle ses
traditions divinatoires très répandues en Inde depuis de nombreux siècles, et la population s’est naturellement
emparée du Tarot comme
support de voyance. La pratique de la divination est devenue l’apanage des Tziganes.
LA RESTAURATION DES JEUX DE TAROT
En attendant un peu plus tard, au
XVIIIème siècle, à l’époque des Lumières,
l’art des cartes retrouvera ses lettres de noblesse grâce au clerc protestant et initié aux rites francs-maçons,
Antoine COURT DE GEBELIN. Il prendra une version du
Tarot de Marseille à laquelle il apportera
quelques modifications.
D’ailleurs, le
Tarot de Marseille tire son origine du jeu du Lyonnais
CATELIN-GEOFFROY de
1557, et n’est donc pas marseillais comme son nom le laisse entendre, qui lui-même est inspiré du Tarot nommé
« Tarot du Roi Charles VI » peint à
Bologne. Pour
COURT DE GEBELIN le Tarot serait issu d’une
tradition hermétique égyptienne héritée d’Hermès Trismégiste, le dieu
Thot Incarné. Mais l’idée est confuse, cependant l’hypothèse du Livre de Thot sera reprise par l’
Abbé Alphonse Louis CONSTANT sous son nom d’occultiste
Eliphas Levi ZAHED dans la deuxième moitié du
XIXème siècle.
Vous l’aurez compris,
l’origine du jeu de Tarot est complexe et confuse, sa construction finale est
progressive, et se voit
modifiée encore de nos jours via la patte de certains artistes talentueux.
C’est en
1910 qu’
un dernier type très connu de Tarot sera publié, le
RIDER-WAITE-SMITH, qui est une
relecture et une
modification du
Tarot de Marseille dans une version plus occulte et dénuée de sens religieux.
○ ○ ○
Après cette longue histoire sur
les propables origines du jeu de Tarot, nous allons pouvoir nous intéresser aux
variantes utilisées de nos jours pour la pratique divinatoire. je me suis permise de me focaliser sur les plus utilisés et une exception de construction.
○ ○ ○
▬ Le Tarot de Marseille
Comme nous l’avons vu plus tôt le terme de
« Tarot » désigne un type de jeu de cartes, et non pas seulement le tarot que beaucoup connaissent, celui de
Marseille, que l’on assigne à l’unique utilisation divinatoire. Nous allons commencer par une
description de celui-ci, avant de nous attarder sur les autres types courant dans l’univers ésotérique.
Certaines personnes pensent qu’il n’existe qu’un
seul et unique type de Tarot, or cette croyance est fausse, il en existe
une multitude, comme terminé ci-dessus. Un jeu de Tarot, et ceci est
une règle presque sans exception – nous verrons tout de même plus tard – se compose de
78 cartes, avec une
structure fixe de
22 arcanes majeurs et de
56 arcanes mineurs. Les
lames majeures sont une suite de figures archétypales et constituent
le cycle initiatique qui marque les différentes étapes de l’évolution de l’homme au cours de sa vie. Les
lames mineures, quant à elles, sont réparties en quatre suites, à savoir
les Bâtons,
les Coupes,
les Épées et
les Deniers. Chacune de ces suites comporte un
As,
neuf numéraires de 2 à 10 et
une cour royale composée de quatre figures qui sont
le Valet,
le Chevalier,
la Reine et
le Roi.
Si cette structure ne se retrouve pas dans les cartes, alors le jeu ne peut être désigné comme un Tarot.
Pour reconnaître
un Tarot dit de Marseille il faut
observer la numérotation des arcanes majeures.
La Justice se trouve en
VIII et
la Force en
XI, ce qui n’est pas le cas du RIDER-WAITE-SMITH que nous verrons un peu plus tard. On reconnaîtra également
des archétypes religieux comme
une Papesse,
un Pape, etc…
Trois autres iconographies spécifiques, comme la
carte I qui représente un Jongleur et qu’on appelle
le Bateleur, la
carte VI qu’on appelle
l’Amoureux et qui représente un damoiseau qui hésite entre deux femmes, la
carte XIX du
Soleil qui dépeint deux jeunes garçons. On notera également que la carte portant le
XIII ne sera
pas nommée traditionnellement. Et pour finir,
les arcanes mineurs, sauf la cour royale, ne sont
pas illustrés et montre uniquement la numérotation de Bâtons, de Coupes, d’Epée ou de Deniers de la carte.
Cependant dans
les Tarot modernes il existe de nombreuses variantes, surtout si l’illustrateur ressent les cartes d’une autre façon. C’est pourquoi pour reconnaître un Tarot de Marseille il faut
surtout faire attention à la place de la Justice et de la Force, mais également à
la présence religieuse.
▬ Le Tarot Rider-Waite-Smith
La structure d’un Tarot Rider-Waite-Smith est la même qu’un Tarot de Marseille, c’est la base. Toutefois ce type de Tarot à son lot de
petites particularités. Nous allons d’abord mettre en contexte ce jeu de cartes.
Le premier Tarot RIDER-WAITE-SMITH fut
publié en 1910, et il est l’un des Tarot les plus
populaires du monde
anglophone. Comme dit plus haut, les français et les italiens ont influencé la divination par les cartes, mais ceux-ci étaient emprunts par les griffes de
la religion. Mais au début du
XXème siècle, les hypothèses sont
remises en question voir infirmées par les recherches d’un Anglo-Américain nommé
Arthur Edward WAITE. En 1909, ce membre de la
Golden Dawn, un Ordre hermétique très développé en Grande-Bretagne, décide après des recherches méthodiques de produire un Tarot
« rectifié ». Ce faisant, il compte d’une part
invalider les théories farfelues de ses prédécesseurs en avançant
des preuves historiquement irréfutables, et d’autre part
détacher le Tarot de la prédominance de la culture judéo-chrétienne en tant qu’ensemble de valeurs religieuses. Au lieu d’une vision du Monde présentée d’un point de vue religieux, WAITE opte pour
une approche universelle où certains symboles judéo-chrétiens restent présents mais ne véhiculent plus de dogmes, étant plutôt abordés en tant que
mythes fondateurs de l’humanité.
En tout premier, et c’est probablement
la chose qui change le plus entre le Tarot de Marseille et le RIDER-WAITE-SMITH, c’est
l’état d’esprit du jeu de cartes, et ceci passe en premier lieu par
l’appellation de la suite des Deniers, comme la suite des
Pentacles. En effet, le tarot de Marseille met l’accent sur l’aspect financier du domaine matériel, le denier étant une pièce de monnaie, tandis qu’avec les
Pentacles, le WAITE ne se limite pas à l’argent mais étend le symbole relatif à cette suite à
l’ensemble du domaine matériel en évoquant tout ce qui a trait à ce domaine, à savoir le travail qui permet de récolter les fruits de ce que l’on sème, les possessions matérielles, les structures sociales, et tout ce qui peut être lié à la Terre.
Ensuite il trouvera plus logique d’
inverser la place de
la Force en VIII et la place de
la Justice en XI, dans la description de son chemin initiatique.
Il va en toute logique, si on a bien compris la démarche de WAITE,
modifier les archétypes religieux qui ne sont plus liés à la religion, et deviennent des figures
areligieuses, comme
l’Hiérophante par exemple. Toujours dans le même état d’esprit, on retrouvera la
lame I se nommer
Magicien, en train d’effectuer un rituel de Magie cérémonielle.
La Mort ne se trouvera
plus être une entité tatoue, et
elle sera clairement nommée en place
XIII. Puis
les Amants, en place
VI, ne seront plus tiraillés, et on retrouvera une iconographie d’un couple amoureux.
Pour finir, contrairement au Tarot de Marseille,
la totalité des arcanes mineurs, y compris les numéraires, est illustrée par des saynètes représentant symboliquement les significations de chaque lame. Mais cette dernière particularité
peut varier d’un artiste à un autre.
▬ Le Minchiate
Avant de conclure cet article, j’avais tout de même envie de vous parler d’une sorte de jeu de carte, un autre
« Tarot » qui peut se voir utilisé en divination, mais plus
rarement,
le Michiate. C’est un jeu de cartes du début du
XVIe siècle, originaire de
Florence, en
Italie, qui n'est quasiment plus joué depuis le
XXe siècle. Très proche du Tarot, mais plus
complexe, il se caractérise par
le nombre important d'atouts, c'est-à-dire
40, là où le tarot n'en comprend généralement que
21, pour un total de
97 cartes. On comprendra qu’il est un
grand-père des deux autres.
L'origine de sa nomination de
« Minchiate » vient d'un terme italien signifiant
« non-sens » ou
« broutille ». Le sens global pourrait être
« le jeu du Fou » : la carte « Le Fou », ou « Excuse », est présente dans toutes les variétés de Tarot.
Les cartes de Minchiate, comme les autres tarots, fait usage de
quatre enseignes, de
cartes d'atouts et d'
une dernière carte sans numéro,
le Fou.
Le jeu utilise les enseignes
latines que sont les coupes, les bâtons, les deniers et les épées. Chaque enseigne compte le même nombre de carte que les autres Tarots, avec la même répartiton.
Ce qui change avec ce Tarot aux nombreuses cartes, c'est
la présence de 40 atouts, presque le double d'un jeu de tarot classique. Les
35 premières portent
un numéro en chiffres romains, les
5 dernières, appelées
« arie » ne sont pas numérotées.
Certains atouts du Minchiate
correspondent à ceux des tarots plus traditionnels, mais la moitié d'entre eux sont spécifiques au jeu. La
Tempérance, la
Force et la
Justice sont trois vertus cardinales décrites dans les tarots classiques, mais le Minchiate leur
ajoute la dernière vertu cardinale,
la Prudence, mais
insérée dans les trois vertus théologales, la
Foi, l'
Espoir et la
Charité. Il s'agit du seul tarot qui inclut
toutes les vertus catholiques. Pour finir, le Minchiate
complète les atouts par
les signes du zodiaque et
les quatre éléments.
On notera que ce jeu comporte également
ses variantes d’une partie du monde européen à une autre.
○ ○ ○
Et voilà ! Vous connaissez l’
essentiel, voir un peu plus, sur
l’Histoire du Tarot,
ses variantes, et
ses différences. J’espère que cet article vous sera
utile, qu'il
aidera certains à choisir leur Tarot, à mieux le
comprendre, et surtout à
briller en soirée mondaine. Si vous avez des éléments plus précis, un argumentaire étoffé,
je serais très heureuse de le lire en commentaire, et de l’ajouter plus tard en note dans l’article !
○ ○ ○
NB : L'aquarelle de présentation est de ma composition, merci de ne pas prendre sans autorisation cette illustration.
○ ○ ○
Si ça te dit de me soutenir,
tu peux t’abonner à la Newletter, pour savoir quand seront postés les prochains articles. Tu peux aussi
partager sur les réseaux sociaux, me
suivre sur Instagram, et surtout me dire ce que tu penses en
commentaire.
○ ○ ○
Avez-vous appris des choses ?
Quel Tarot utilisez-vous ?